Les victimes sont alors considérées comme moins qu'humaines, permettant ainsi de justifier que les valeurs morales opposées à l'attaque et au meurtre ne s'appliquent plus. Pour cultiver librement son humanité, son esprit, on doit pouvoir méditer à notre aise, réfléchir, bref, faire de la philo ; pour ce faire, il faut être délivré du souci La déshumanisation des individus considérés comme ennemis, victimes et des peuples colonisés a été associée à des massacres, des atrocités et de l’exploitation. son activité) considérée seulement dans sa nature morale, spirituelle]. atténuait les perceptions déshumanisantes en Italie[37]. Enfin, les groupes évoquant le dégoût comme les sans-abri sont perçus comme froids et incompétents. En ce qui concerne les groupes qui peuvent inspirer de la pitié, comme les personnes âgées, ces derniers sont perçus comme chaleureux mais incompétents. Des recherches de Branscombe et Doosje[15], ainsi que des travaux de Castano et Giner-Sorolla[16] ont montré que l'infrahumanisation apparaît chez l’endogroupe à l'égard de l’exogroupe seulement dans la condition où il est historiquement souligné que l’endogroupe est responsable du malheur d'un groupe, par exemple dans le cas d'extermination de ce dernier. Certaines situations autoriseraient donc l'individu à ne pas appliquer ses standards moraux en lui permettant de ne pas se sentir responsable des conséquences de son obéissance. La classification et la catégorisation de la vie sociale se passent d’une manière très arbitraire. Ce découpage n’est cependant pas stagnant ou immuable. Une explication possible à ce paradoxe est le fait qu'être punitif ne soit pas guidé par la perception que l’auteur de l’acte est moralement responsable de celui-ci mais davantage par sa dangerosité perçue ou la menace qu’il représente. Ainsi, l’endogroupe représente l’essence de l’humanité tandis que l’exogroupe possède des traits animalisant [10]. Ce processus peut être accompagné d’humiliation et d’avilissement[7]. La violence face à ce groupe devient alors acceptable : l'idée selon laquelle il serait responsable de la frustration des besoins peut mener à ce que les individus, les normes sociales, les institutions et la culture changent en faveur de l'acceptation de l'usage d'une plus grande violence. À ce sujet, le lien entre déshumanisation, violence et agression a été souligné dans les travaux de Kelman[5] et Staub[6] sur les guerres et génocides, et dans ceux de Bandura et collègues[22] établissant que la déshumanisation des victimes désinhibe le fait de commettre des actions violentes. L'auto-censure morale dépendant, entre autres, de la manière dont sont perçus les individus ou les groupes malmenés, la déshumanisation rend donc le recours à la violence plus facile. Autre façon de le dire : une volonté (dominer la nature ; avoir une vie plus confortable, quelquefois tout simplement survivre), s’incarne dans un pouvoir (technique : ex : chirurgie) par l’intermédiaire d’un savoir (scientifique : médecine). Mots proches. Le comportement déshumanisant ne nécessite pas forcément une idéologie raciste ou xénophobe pour s'exprimer. Cette négation des caractéristiques humaines d’un individu peut intervenir au sein de relations et de comparaisons interpersonnelles tout comme intergroupes, après la violation de normes communes par exemple, et mène à distinguer les individus en deux catégories : les hommes et les animaux. Cortes et collègues[13] ont d'ailleurs constaté que les meilleurs prédicteurs du processus d'infrahumanisation sont la pertinence de l’exogroupe dans la relation avec l’endogroupe, leur niveau d'interdépendance et un certain sentiment de menace. C'est cette différenciation qui détermine le degré d'infrahumanisation. Il sera débattu de l’exercice du care dans les soins aigus de manière à montrer que cure et care sont réconciliables, à condition que les soins empruntent la voie du caring. Elles font référence à l’essence-même de l’être humain et seraient ainsi universelles et naturelles[7]. » Ils introduisent ainsi un nouveau modèle théorique au sein duquel sont distinguées deux formes de déshumanisation : la déshumanisation mécaniste et animale. Tout d’abord, parce que nombreuses sont les perceptions déshumanisantes qui prennent racine dans des stéréotypes et relations intergroupes de longue date. Son comportement serait ainsi perçu comme moins rationnel que les autres, davantage guidé par des instincts et des désirs[7]. Wilhelm Dilthey, Introduction à l'étude des sciences humaines, 1883. L’homme n’en devient-il pas de plus en plus dépendant, au risque d’être aliéné par elle ? En ce qui concerne les autres, ils sont davantage discriminés par une absence d’aide et de comportements de solidarité à leur égard. De plus, la conscience d’une humanité commune pourrait réduire l’empathie pour les groupes victimes[35] et avoir l’effet inverse que prévu ; il peut par exemple normaliser les agressions et les violences et excuser les comportements nuisibles en les considérant comme simplement humains. Ce n’est qu’en 2009 qu’une définition a été donnée par le Parlement Européen, même si de nombreuses recherches ont été faites des années auparavant. De plus, on n’attribuerait pas spontanément des états mentaux à ceux-ci, contrairement aux trois autres groupes évoqués dans ce modèle. Pour Jeannine Chanteur, accorder des droits aux animaux, c'est reconnaître implicitement une égalité entre l'Homme et l'animal, et ainsi humaniser l'animal et … L’accent est ainsi mis sur des facettes superficielles de l’individu ou du groupe. Définitions de déshumaniser Faire perdre son caractère humain à quelqu'un, à un groupe, lui enlever toute générosité, toute sensibilité : L'obsession de la rentabilité a fini par nous déshumaniser. Zebel et collègues[18] ont montré qu’un groupe victime d’atrocités, mais assimilé davantage au monde animal qu’au monde humain, bénéficiait de moins de soutien et de réparations qu’un autre[3]. Troisièmement, les perceptions déshumanisantes sont souvent renforcées par de solides motivations et préjugés ; elles peuvent protéger l’identité intragroupe[31], elles peuvent être une cible mouvante car les gens jugent l’humanité des autres indépendamment de ce qui distingue leur groupe des autres[32] et les individus ont tendance à résister aux informations qui modifient leurs habitudes[33]. La déshumanisation peut également prendre différentes formes, comme l'infrahumanisation, la déshumanisation animale et mécaniste. Car en donnant à l’homme Kelman[5] et Staub[6] seront les premiers à s'y intéresser de manière systématique à partir de la deuxième moitié des années 70[3]. Et même, il va au delà de son autodestruction et Bonjour, Pour une réponse personnalisée de l’équipe Fil Santé Jeunes en toute confidentialité, n’hésite pas à nous joindre dans notre espace : « Pose tes questions », nous contacter par chat’ ou nous appeler au 0800 235 236, la ligne est anonyme et gratuite., la ligne est anonyme et gratuite. L’essentialisme est la croyance selon laquelle les individus ne sont que ce qu'ils sont, qu'ils sont définis par nature et non par le hasard. Présenté par Luc de Brabandere et Stanislas Deprez. Par contre, la fréquence d’infrahumanisation est plus élevée chez les personnes présentant une forte identification à leur groupe d'appartenance que chez les personnes qui attribuent moins d’importance à celui-ci. C’est ainsi que depuis quelques années, un nouveau concept a vu le jour: celui de l’homme augmenté. humainement. Cette forme de déshumanisation peut notamment se retrouver dans les domaines de la médecine et des technologies[7]. Ainsi, les groupes admirés (les membres de son propre groupe, par exemple) sont perçus comme bons sur ces dimensions ; chaleureux et compétents. Selon l’étude de Tam et collègues[21], les Protestants et Catholiques du nord de l’Irlande étaient moins susceptibles de pardonner des violences passées dans le cas où ils infrahumanisaient l’autre communauté. désigne une pers., un groupe de pers., une entité abstr.]. La déshumanisation est ici décrite comme l'un des ingrédients central dans l'accomplissement d'atrocités, dans le sens où il s'agit d'un type de désengagement moral qui opère directement sur les personnes victimes d'actions préjudiciables. Faire perdre les caractères spécifiques à la nature de l'homme et à sa condition. Une seconde manière pour réduire la déshumanisation est de promouvoir une identité commune et ainsi souligner les similarités, le destin commun des différents sous-groupes[3]. La perception d’autrui peut alors englober des notions d’immaturité, de froideur ou de passivité[7]. Philo Voltaire 743 mots | 3 pages En quoi la parole pourrait exprimer le besoin ? Enfin, le lien discuté entre déshumanisation et exclusion sociale semble par ailleurs particulièrement pertinent pour les groupes socialement déviants. Les perceptions déshumanisantes d’individus peuvent être associées à une tendance réduite à répondre de manière prosociale. Ce sujet est apparu relativement tard dans le paysage de la recherche scientifique[4]. [Le compl. C'est à ce moment qu'interviendrait le processus de déshumanisation qui s'appuie sur la dépréciation des ennemis devenus victimes. Globalement, le soin tend à se déshumaniser, entraînant une dégradation de la qualité de la relation soigné/soignant, dans un contexte d’injustice sociale. Ces auteurs mettent en lien le concept de déshumanisation avec celui d’humanité. Les caractéristiques human uniqueness permettent de distinguer les hommes des animaux. Patrick GODART C onclure sur la question du soldat augmenté, après la grande richesse des articles Faire perdre son caractère humanitaire en dépouillant de tout sentiment. © 2012 - CNRTL Larousse, Dictionnaires de français, www.larousse.fr. Mouvement intellectuel qui s'épanouit surtout dans l'Europe du xvi e s. et qui tire ses méthodes et sa philosophie de l'étude des textes antiques. Il s’agit des caractéristiques inhérentes à la nature humaine telles la réactivité émotionnelle, la chaleur interpersonnelle, la curiosité, la qualité d’agent et la profondeur. Selon Bastian et collègues[24], les individus perçus comme manquant de traits proprement humains (déshumanisation animale) sont considérés comme moins blâmables et punissables en cas de comportement immoral. La catégorisation sociale, qui correspond à la classification des individus et des groupes au sein de catégories, mène au découpage de l'humanité. DÉSHUMANISER, verbe trans. Quand un individu perçoit son propre groupe d’appartenance comme le seul à posséder et à agir selon des traits typiquement humains, l’exogroupe est infrahumanisé. En ce qui le concerne, Albert Bandura s'est intéressé à la déshumanisation dans le cadre de ses études sur le désengagement moral (en). désigne une pers. Les secondes, quant à elles, permettent de différencier les hommes des objets. Par exemple, Rudman et Mescher[23] démontrent que les hommes associant implicitement les femmes à des animaux ou à des objets présentent une plus grande propension aux passages à l’acte en ce qui concerne le viol et le harcèlement sexuel. Ainsi, Bandura[9] définit huit types de manœuvres permettant de se désengager moralement et pouvant, par conséquent, conduire à l'accomplissement d'actions inhumaines - à savoir la justification morale, l'étiquetage euphémique, la comparaison avantageuse, le déplacement de responsabilité, la diffusion de responsabilité, le mépris ou la déformation des conséquences, la déshumanisation et l'attribution de blâme. Start a free trial to see for yourself. Ces conséquences peuvent être réparties en quatre grands groupes. Viki et Calitri[14] ont démontré que l’infrahumanisation est corrélée avec le niveau de nationalisme. » Ce problème est complexe. b) tentation de confondre nature de l’homme et homme à l’état de nature : Si la culture dénature l’homme, c’est qu’il y aurait un processus par lequel l’homme « sortirait » d’un état, l’état de nature pour « entrer » dans l’état cultive. Ce processus de déshumanisation serait progressif et aurait pour conséquence une perte de capacité à agir en tant qu'être moral en raison du non questionnement de l'obéissance et l'exécution de routines. Ne contraint-elle pas l’homme à vivre dans un monde de plus en plus artificiel, susceptible de le déshumaniser ? D’autre part, des effets similaires ont été observés dans le monde des cyber-guerriers ; la déshumanisation des adversaires, et de soi-même, se rencontre parmi les joueurs de jeux vidéo violents comme l'expliquent Bastian et collègues[25]. La protection de la pureté, de la vie, du bien-être des siens ou encore la volonté de créer une société meilleure prennent par conséquent le dessus sur les valeurs d'humanité. L’on peut évoquer des pratiques telles que celles de l’homosexualité, la prostitution, l’euthanasie, l’avortement. La réduction de comportements prosociaux envers les groupes déshumanisés représente des omissions, mais les conséquences les plus connues de la déshumanisation impliquent le fait de commettre des actes antisociaux. Dans le processus de déshumanisation mécaniste, l’individu ou le groupe est traité comme un objet. Plus précisément, il s'interroge sur les sources de la violence de masse organisée et institutionnalisée, comme les génocides perpétrés dans des contextes de guerres internationales (Seconde Guerre mondiale) et civiles, de luttes révolutionnaires, de conflits coloniaux et ethniques ainsi que de changements politiques. Une autre conséquence possible des perceptions déshumanisantes, selon Opotow[27], est le fait d’attribuer une moindre moralité aux individus. Dans La Guerre, Marcel Gromaire a représenté cinq soldats casqués, engoncés dans des manteaux-cuirasses, dans une tranchée: trois attendent l’assaut éventuel ; les deux autres, observent le no man’s land par la fente d’une plaque d’acier. Deuxièmement, ces perceptions sont souvent inconscientes et automatiques. : +33 3 83 96 21 76 - Fax : +33 3 83 97 24 56. En effet, selon Vaes et collègues, les individus répondent davantage de manière prosociale aux gens qui s’expriment en termes d’émotions secondaires (émotions considérées comme étant exclusivement humaines) car ils sont perçus comme plus humains[3]. En effet, selon Lammer et Stapel[28], sous certaines conditions, la déshumanisation au niveau médical peut être bénéfique pour les patients[3]. Cette exclusion complète de l’humanité facilite un environnement déshumanisant qui s’affiche souvent dans des cas extrêmes de conflits armés. … L’individualité de l’autre est contestée et ce dernier sera perçu comme interchangeable. Inclure un individu dans cet ensemble qu'est l'humanité implique finalement que sa mort fasse écho, qu'elle renvoie à cette idée que toute vie humaine à une fin et provoque un sentiment de perte parmi les membres de l'humanité[5]. Faire perdre son caractère humain en dépouillant de toute temporalité et en réduisant à l'état de pur esprit. Ce processus s’accompagne souvent de comportements d’indifférence, d’absence d’empathie à l’égard des individus victimes de ce type de déshumanisation[7]. Cette idée selon laquelle l'individu ne serait pas responsable de ses actes, ne se trouverait plus dans une position d'agent puisque simple exécutant des volontés du pouvoir légitime, rejoint les résultats des recherches de Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité[8] À côté de ce premier processus, l'instauration de routines, de procédures, permettrait également de réduire les éventuelles résistances car l'organisation des comportements à accomplir peut détourner l'individu des questions d'ordre moral. Définitions de humanisme Philosophie qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs. Selon ces auteurs, ces dernières correspondent à la négation de deux formes d’humanité : les caractéristiques possédées exclusivement par les êtres humains (UH) (Uniquely human characteristics), telles que la morale, la culture ou encore la logique, et les caractéristiques qui renvoient à la nature humaine (HN) (Human Nature), telles que les émotions et la curiosité. Actuelle, concrète et accessible, cette série philo “binôme” confronte deux mots utilisés au quotidien. Ils décrivent l'infrahumanisation comme un processus d’attitude dans lequel l'attribution de caractéristiques dépend du groupe d'appartenance des individus : les membres du groupe d'appartenance se voyant attribuer des caractéristiques typiquement humaines alors que les membres des exogroupes se voient attribuer des caractéristiques moins humaines. Cairns et collègues[17] ont montré que le « pardon » envers l’autre groupe est crucial pour l’harmonie entre les groupes. Cela peut paraître en conflit avec le constat que les personnes déshumanisées sont souvent la cible de traitement punitif. C'est pourquoi les luddistes au 19ème siècle détruisaient les machines (ouvriers contre les machines) censées déshumaniser le travail et augmenter le chômage.
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